Si les Villes n’ont pas de compétence obligatoire en la matière, elles sont un échelon pertinent pour traiter des questions de santé des habitants.

Mondane Jactat et Salima Djidel.
« La Ville a de nombreux leviers pour agir sur ce qu’on appelle les déterminants de la santé des habitants (lire encadré), car on retrouve la santé à tous les niveaux : dans l’espace public, les écoles, l’urbanisme et même la culture », énumèrent Mondane Jactat, adjointe à la santé et Salima Djidel, conseillère municipale, à la restauration, l’alimentation locale et biologique. Cette vision n’est pas nouvelle ; la nouveauté réside dans le fait qu’elle soit partagée par l’ensemble des élus et qu’elle associe tous les acteurs de la santé, à commencer par les habitants eux-mêmes.
Ainsi, le Plan municipal de santé (PMS) 2016-2020 a été élaboré sur douze mois, autour de quarante rencontres et dix groupes de travail thématiques, impliquant dix élus. Preuve que la santé est l’une des principales préoccupations des gens, 30 % des participants à la conférence municipale de lancement étaient des habitants. Cette approche concertée citoyenne a permis de dégager trois orientations prioritaires :
- promouvoir un environnement et un cadre de vie de qualité
- améliorer l’accès aux soins et à la prévention pour tous, en particulier pour les plus précaires
- agir pour la santé des publics fragiles (enfants, jeunes, personnes âgées, handicap, santé mentale)
Le PMS, adopté en janvier 2016, fait l’objet d’un comité de suivi annuel qui continue d’associer les acteurs de la santé et des habitants. « Notre enjeu est de maintenir dans la durée ce lien avec les habitants », insiste Mondane Jactat.
« Et nous devons poursuivre nos efforts dans plusieurs directions : par exemple la santé des jeunes, notamment leur rapport à l’alcool, et des actions de terrain pour améliorer l’accès aux soins des plus précaires. »
Lutter contre les inégalités d’accès aux soins : les médiateurs de santé pairs
Le diagnostic santé réalisé en 2015 a montré que l’état de santé moyen des habitants des quartiers populaires est plus dégradé que dans les autres secteurs de la ville. Dans le même temps, ils sont plus nombreux à renoncer aux soins : pour des raisons d’argent, de manque d’information, de complexité administrative…
Pour faciliter leur accès aux soins, la Ville a engagé début 2016 trois médiateurs de santé pairs (deux femmes et un homme). « Pairs » signifie que ce sont des habitants du quartier et non des professionnels du secteur médico-social. Ils possèdent une expérience de vie et une proximité qui facilitent le contact avec les personnes qu’ils accompagnent dans leurs démarches de soins, parfois jusque dans la salle d’attente du médecin.
« Leur mission, c’est d’aller vers les plus précaires », explique Loïc Biot, directeur santé publique et environnement à la Ville de Grenoble. « En un an, ces trois médiateurs ont vu 2 200 personnes, dont plus de la moitié abordée directement dans la rue et un quart par du porte-à-porte. Beaucoup ne savaient pas qu’elles avaient droit à la Couverture maladie universelle (CMU). »
L’expérimentation, unique dans la région, est reconduite pour un an, grâce à un financement de l’Agence régionale de santé. Il existe d’autres médiateurs pairs à Grenoble, qui font partie de l’équipe Totem, « de la rue au logement », avec lesquels les médiateurs pairs de la ville sont en lien. Le travail pair existe dans plusieurs champs, dont celui de la santé mentale.
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