animal en ville
Le berger de la Bastille
Du suivi des ruches dans la ville aux moutons qu’il garde à la Bastille, Jacques Ginet est « le » Monsieur Animaux de la Ville de Grenoble. Sans qu’existe encore officiellement le titre…
Il couve ses « petits » comme la prunelle de ses yeux. Béret vissé sur ses longs cheveux poivre et sel, bouc court bien taillé et lunettes rondes, Jacques Ginet, 63 ans, est le gardien des moutons installés à la Bastille. Technicien aux espaces verts à la ville, ce spécialiste de la protection des végétaux, passionné d’insectes et d’abeilles, se fait aussi berger du printemps à l’été, depuis trois années. Granulés de complément et morceaux de pain dans un seau, il les rejoint chaque soir à la fraîche au sommet.
« Vous ne les voyez pas encore parce qu’ils se sont mis dans un coin tranquille pour chômer, à l’ombre, mais ils ne vont pas tarder », lance l’apprenti pasteur en pénétrant dans l’enclos, déjà incollable ou presque sur les ovidés. « Pilou pilou, je suis là ! » Bingo : Gustave, Lazare et les 4 brebis du petit troupeau au joli poil bouclé, issus d’une race rustique locale, déboulent sur la prairie pour venir se blottir contre les jambes de leur protecteur. « Ce sont des moutons laitiers loués à un prestataire de Belledonne. Ils ne sont pas du tout sauvages, plutôt même très câlins, explique-t-il. Je peux les emmener partout, et surtout là où aucune débroussailleuse ne peut passer –dans la via ferrata et les à-côtés! ».
Rien ne prédisposait Jacques Ginet à étendre ses platebandes jusqu’aux animaux… sinon une passion pour la nature et une solide formation à l’école d’horticulture de Genève. Héritier d’une lignée de pépiniéristes grenoblois –son arrière grand-père est à l’origine du parc Paul Mistral pour l’exposition internationale de 1925 !-, le jardinier a du fermer l’entreprise familiale, avant de travailler « en commune ». D’abord à Gières, où il a fortement agi pour le fleurissement de la ville, puis à Fontaine, avant de rejoindre l’équipe des espaces verts de Grenoble en 2004.
Là, au sein de l’unité « prospective et développement local », il s’est spécialisé en protection biologique intégrée et a contribué à son développement jusqu’à obtenir la quasi suppression de tous les produits phytosanitaires traditionnels à Grenoble dans la lutte contre les parasites et leur remplacement par des organismes vivants bénéfiques. « Pour moi, le fil rouge c’est réellement d’aller vers une gestion environnementale de la ville ! », déclare ce fervent défenseur de la biodiversité, chroniqueur jardin tous les dimanches matin sur France Bleu Isère depuis 20 ans.
Avec comme prochain défi d’ici à sa retraite : la réduction au maximum de la tonte mécanisée grâce à l’introduction progressive dans les parcs grenoblois de moutons, d’ânes –au parc Mistral par exemple dès la rentrée- et de chèvres jusqu’au cœur de la ville. « Le gros avantage avec les animaux, c’est qu’ils sont relativement sélectifs, plaide Jacques Ginet : ils ne mangent pas les insectes et font le tri entre les plantes –en deux trois ans ils épuisent les ronces et les arbustes sans toucher au reste. Non seulement c’est une excellente arme anti-incendie mais c’est aussi le meilleur moyen de relancer les terrains à pâturage avec des fleurs très rares comme l’orchis de Provence, excellents pour la biodiversité ! »
Avec l’animal aussi, apprécie ce montagnard aguerri, féru de rando et de ski, impossible de mentir ou de tricher : « C’est une aussi une école de la vie et du respect ! »
Commentaire de Boulongeat le 16 septembre 2016 à 10 h 54 min
je suis bien contente qu’il y ait encore des personnes comme ce Monsieur Ginet ; si j’étais plus jeune je me serai orientée vers biodiversité et le respect des animaux et de la nature, ce que je fais dans mes moyens