Adapter les habitations aux réalités du changement climatique, de la hausse des coûts de l’énergie, de la ville qui s’étend et de ses caractéristiques géographiques sont désormais des impératifs. Les sociologues précisent qu’il faut aussi tenir compte des désirs des habitants, de leur changement de rythme de vie, de la recomposition des familles et des nouvelles envies d’habiter ensemble, qu’elles soient intergénérationnelles parce que liées à la crise, ou choisies, parce que synonymes d’un mieux-vivre.

L’un des objectifs de la reconquête urbaine de la caserne de Bonne, 1er éco quartier de France, était le respect de l’environnement. Ici, le jardin des Vallons.
Urbanistes et sociologues se rejoignent pour remettre l’habitant, le citoyen, au centre des préoccupations sociales et environnementales en matière d’habitat. « Nous devons composer avec l’histoire, avec les lieux, avec les contraintes, et surtout avec les habitants qui ont l’expérience d’usage que n’ont pas ceux qui pensent la ville » affirme Serge Gros, directeur du Conseil urbanisme architecture et environnement (CAUE) de Grenoble. « Il faut définir l’intérêt général, de grands principes, des îlots à repenser, puis demander aux habitants de réfléchir, par exemple à la mixité au sens large : transports, commerces, services… Il s’agit de prendre en compte des programmes plus riches, moins parachutés et plus co-construits. »
Du bien-être autour
Le réseau des Observatoires de l’agglomération grenobloise (OBS’Y) a récemment publié une enquête, Trajectoires résidentielles dans l’agglomération grenobloise, dans laquelle il s’intéresse au logement et au bien-être. Il en ressort que « la priorité, c’est ce qu’il y a autour du logement, son inscription dans un espace collectif où la qualité de vie et les relations sociales sont agréables ».
Les citadins plébiscitent l’environnement du logement : des liens sociaux et une vie de quartier riche, c’est-à-dire un accès aux services, publics et privés. « De Bonne répond bien à ce souhait, car remarquablement bien connecté » remarque Serge Gros. « Les choses ont été composées astucieusement, le quartier est vivant, tout le temps, avec une mixité de programmes, de générations. Les fondamentaux sont là : on a gardé l’alignement et la montagne au bout de chaque rue, on a fait ressortir l’eau et la nature, on est à échelle humaine. »
Des espaces de vie dedans
Et si le véritable enjeu aujourd’hui résidait aussi dans la capacité du logement à être aménageable dans le temps, évolutif et diversifié ?
Les sociologues s’accordent pour souligner la rigidité de l’habitat en France, le poids des savoir-faire et des pratiques. La distribution des pièces à l’intérieur du logement a par exemple très peu changé, alors que la cuisine est devenue un lieu très important et que l’informatique n’a pas d’espace dédié. « Il faut aussi des espaces de rangement, des rapports au ciel et à la nature, de l’ensoleillement, des espaces de liberté en plus » ajoute Serge Gros.
« C’est là que les architectes de l’habitat développent ces attentes repérées par les sociologues, pour faire en sorte que le choix ne soit plus entre le collectif tristounet ou la maison individuelle synonyme de bonheur familial. »
Rencontre
Georges Braoudakis, propriétaire, quartier de Bonne
« On a compris que c’était à nous de développer une conception globale d’habiter »
George Braoudakis est un des premiers habitants du quartier de Bonne. Il a choisi son appartement sur plans, sans trop savoir à quoi correspondait la notion d’éco-quartier, encore peu connue à l’époque.
Il apprécie la position du quartier dans la ville — qui le dispense d’utiliser sa voiture —, l’offre commerciale de proximité, le parc et ses jeux, la présence de l’eau dans les jardins, l’accessibilité des services et le confort de son logement. Il regrette que les lieux n’aient pas été pensés suffisamment pour les adolescents, ni pour les tout-petits, pour lesquels il manque une halte-garderie.
Les nuisances sonores sont une préoccupation, sur l’espace public comme à l’intérieur des bâtiments et, en règle générale, Georges Braoudakis pense que la santé environnementale n’est pas au niveau : problèmes de qualité de l’air extérieur, présence d’antennes et d’ondes électromagnétiques…
En tant que membre de l’Union de quartier, il se dit prêt à accueillir les nouveaux arrivants et à les former au fonctionnement particulier des bâtiments (ventilation, chauffage, production d’eau chaude sanitaire…). « On a une expertise d’usage pour faire des économies de charge » précise-t-il en avançant qu’il a lui même réduit ses factures.
Lors de la Biennale de l’Habitat durable, Georges Braoudakis souhaite dire que les habitants doivent prendre en main la gestion de leurs équipements et rappeler que le partage d’informations est indispensable pour changer ses habitudes.

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