Drac et Isère
L'eau, bénéfique et maléfique
Sous sa forme bénéfique, l’eau est voie fluviale, source d’eau potable, de rafraîchissement, ressource hydraulique pour l’industrie, calorifique pour le chauffage urbain, eau d’arrosage… Sous sa forme maléfique, elle apporte la désolation lors des crues majeures que l’on ne sait ni prévoir ni maîtriser.

Grenoble et l’Isère depuis le quai de la Graille en 1837, sous les pinceaux de Jean Achard. © Jean-Luc Lacroix / Musée de peinture – Ville de Grenoble
Contrairement à de nombreuses villes, Grenoble ne s’est pas construite sur une confluence. Cherchant à échapper aux caprices du Drac, elle s’est développée aussi longtemps que possible loin de lui. En témoignent les quartiers proches du Drac, relativement modernes, érigés après les travaux d’aménagement du torrent.
Grenoble n’est pas davantage une ville d’eaux. Et pourtant, cette eau est partout, visible avec l’Isère et le Drac, mais aussi invisible avec ses réseaux souterrains. La ville s’est construite autour des usages économiques que la rivière, autrefois navigable, permettait.
Un élément à dompter
Grenoble, ou plutôt son ancêtre, Cularo, s’est développée un peu avant notre ère, au confluent de l’Isère et du Drac dans une plaine d’inondation créée par ces deux rivières et parcourue de multiples ruisseaux tels le Verderet, le Draquet, la Petite et la Grande Mogne, le Gringalet, le Glayres…
Tous ces cours d’eau, alors utiles à l’industrie, au rouissage du chanvre, à la mégisserie et à la lessive débordaient régulièrement lors des crues et des pluies abondantes, laissant la plaine détrempée, telle un marécage.
Le duc de Lesdiguières (1543-1626) fait passer la ville du Moyen Âge à l’ère moderne avec de grands travaux dont la restauration de l’unique pont pour franchir l’Isère, à l’emplacement de l’actuel pont de la Citadelle, et la création de fontaines.
La source Saint-Jean, qui prend naissance à 230 mètres d’altitude sur la rive droite de l’Isère, à la limite de La Tronche et Grenoble, alimente alors la ville en eau courante.
Cependant, le débit du ruisseau est insuffisant pour satisfaire les besoins de la population, et les habitants de la rive gauche doivent venir chercher l’eau à la rivière ou sur la rive opposée à moins d’avoir accès à un puits public ou privé.

Un témoignage de la grande crue de 1859 dans le quartier des Antiquaires. ©Thierry Chenu
Protéger, turbiner, capter
Les premiers travaux d’endiguement le long du Drac en 1670 se prolongent jusqu’au milieu du XIXe siècle tant la ville se bat contre les fréquentes inondations souvent meurtrières.
Dans la deuxième moitié du XIXe siècle, d’importants travaux d’endiguement du Drac et de l’Isère se conjuguent à l’agrandissement de la ville vers l’ouest. Grenoble se protège des inondations en faisant de ses quais, surélevés pour atteindre une cote supérieure à celle de la ligne d’eau de la crue de 1859, de véritables remparts.
À la fin du XIXe siècle et au début du XXe, l’eau alimente aussi l’économie et l’industrie grenobloise avec l’énergie hydraulique. Aujourd’hui, des canaux usiniers pour l’hydroélectricité permettent de turbiner les eaux dans la plaine, notamment entre Grenoble et Pont-de-Claix grâce à un dénivelé de 20 mètres.
L’alimentation de Grenoble en eau potable est assurée par cinq captages prélevant les eaux de la nappe alluviale du Drac à trente mètres de profondeur. La qualité naturelle de cette eau permet de la distribuer sans aucun traitement.
Une rivière et un torrent, alias le serpent et le dragon
L’Isère, qualifiée de serpent dans la mythologie locale, est une rivière au parcours de 286 kilomètres. Née en Haute-Tarentaise, elle a façonné le couloir dans lequel elle coule sur une ancienne vallée glaciaire dont le glacier mesurait 1 500 mètres d’épaisseur au niveau de Grenoble.

Le Drac, aménagé et maîtrisé, à la hauteur de Champagnier, sous le Saut du Moine. ©Alain Fischer
Son cours est artificiel depuis Albertville, les hommes l’ayant façonné en créant des méandres pour la ralentir. Elle a un profil doux en amont de Grenoble et accéléré en aval notamment en raison de sa confluence avec le Drac (le dragon), torrent au parcours de 130 kilomètres, né dans le massif des Écrins.
Les méandres de l’Isère ont souvent divagué en raison des crues, en témoigne l’ancien port de la Galochère. Source d’énergie, elle était fréquentée par des bateaux à moulin, véritables moulins flottants. Elle n’est plus navigable depuis 1954, date à laquelle l’État a cessé de l’entretenir.
Renseignements divers
http://www.vigicrues.gouv.fr
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