Santé
Un prisme essentiel pour penser la ville
Si nos choix individuels sont eux aussi déterminants pour notre santé, les politiques publiques ont leur rôle à jouer.

©Auriane Poillet
Le guide de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) pour un urbanisme centré sur la santé de ses habitant-es l’atteste : « Il est reconnu depuis longtemps que l’état actuel des villes, souvent déterminé par l’urbanisme peut être nuisible à la santé. Un urbanisme pour la santé, c’est un urbanisme pour les habitants. Il met en valeur l’idée que la ville c’est autre chose que des constructions, des rues et des espaces publics, c’est un organisme qui vit, qui respire ; son état de santé est étroitement lié à celui de ses habitants. »
Depuis 1986, le bureau de l’OMS a mis en place à Copenhague, le réseau européen Villes-Santé, dont la Ville de Grenoble est membre depuis 2002. Ce programme considère les villes comme des organismes vivants.
Il propose aux municipalités « d’agir pour améliorer leur santé et celle de leurs habitants, en envisageant l’environnement comme une ressource fondamentale à protéger et à enrichir de manière solidaire, dans une perspective aussi bien locale que mondiale. » C’est le fameux « Penser global, agir local ».
Une ville où il fait bon bouger !
« Depuis 50 ans, nous avons façonné des villes de telle sorte que les gens sont presque forcés de vivre assis toute la journée, dans leur voiture, au travail, chez eux. (…) Cela a conduit à de sérieux problèmes de santé, tels l’obésité et les risques induits », explique Jan Gehl, architecte et urbaniste danois dans son ouvrage Cities for people (Pour des villes à échelle humaine).
Selon lui, il est primordial pour les concepteurs de nos villes de « recentrer l’urbanisme sur les besoins et les perspectives de l’être humain ».
Et pour cause, l’OMS recommande au moins 60 minutes quotidiennes d’activité physique pour les enfants, et un minimum de 30 minutes pour les adultes (ou 150 minutes d’activité d’endurance d’intensité modérée au cours de la semaine).

©Auriane Poillet
Les déplacements à vélo ou la marche sont une réponse à cette problématique (et la qualité de notre air nous en remercie !). À ce titre, la Ville de Grenoble amplifie le rythme des aménagements favorisant les modes « actifs » pour se déplacer. Tout l’enjeu consiste à rendre agréables et facilement praticables les parcours cyclables et de promenade, en les incluant dans tout nouveau projet d’aménagement.
Les espaces publics, vecteurs de liens sociaux
Les restrictions sanitaires liées à la Covid n’en sont que plus révélatrices : les liens sociaux sont essentiels pour notre santé mentale. En ville, l’espace public appartient à toutes et tous. Il est, dans l’idéal, le support d’interactions, de rencontres, de lien social et de convivialité. Voilà pourquoi leur aménagement est particulièrement important pour le bien-vivre et la santé de celles et ceux qui les fréquentent.
La Ville de Grenoble souhaite favoriser des espaces publics agréables pour toutes et tous. Gilles Namur, adjoint aux espaces publics, à la nature en ville, à la fraîcheur et aux déplacements déclare :
Les espaces publics doivent être adaptés aux personnes de différents genres et différents âges, et aux personnes en situation de handicap. L’inclusion de toutes et tous est un prisme sur lequel chaque espace public doit reposer, pour être appropriable par tous, favoriser la rencontre, la promenade, avec du mobilier et des cheminements pensés pour tout le monde. C’est ce que nous revendiquons auprès des aménageurs auxquels la Ville fait appel.
Le droit à une ville saine, pour toutes et tous
« La santé est un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou une infirmité », selon l’OMS. De ce parallèle, en ville, la santé va au-delà de l’accès aux structures de soins.
« Cela passe aussi par les conditions de travail, notre alimentation, la capacité à se déplacer en transports en commun ou de façon active, accéder aux équipements sportifs, etc. », explique Pierre-André Juven, adjoint à l’urbanisme et à la santé. Un des paramètres sur lequel repose la volonté de la Ville en faveur d’une ville saine, c’est son accès à toutes et tous.
« Tous les habitant-es doivent pouvoir vivre où ils le veulent, même avec des petites ressources. Un quartier favorable à la santé doit être accessible à tous, avec une part de logement social qui peut aller au-delà des obligations réglementaires » explique-t-il.
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