Expédition 5300
Des montagnes de mystères à gravir
Pour la quatrième édition, le Docteur Samuel Vergès a emmené son équipe scientifique grenobloise à la Rinconada, la ville la plus haute du monde située au Pérou, afin d’étudier les mécanismes d’adaptation d’une population hors du commun. Une expédition extrême, tout juste achevée. Portrait d’une aventure.
En principe, vivre à plus de 5 300 mètres d’altitude est physiquement impossible. Pourtant, à la Rinconada, au Pérou, quelque 50 000 Péruvien-nes relèvent chaque jour ce défi, naissent, grandissent, travaillent, dorment et vieillissent à cette hauteur.
Dans cette ville minière surplombée par les glaciers de la Cordillère des Andes, le contexte sanitaire est hostile. On ne retrouve ni eau courante, ni égouts, ni collecte des déchets.
En 2019, quinze scientifiques grenoblois se sont donné pour mission d’analyser l’adaptation de l’organisme humain face aux effets de cette altitude vertigineuse. Ce programme, baptisé Expédition 5300, est mené par Samuel Vergès, directeur de recherche à l’Inserm au sein du laboratoire HP2 (Hypoxie et physiopathologie) à l’Université de Grenoble-Alpes.
Expérimentations et soins
Comme chaque année, c’est au cœur de cette cité où s’entremêlent chemins boueux, ruelles agitées et tas d’ordures que l’équipe de scientifiques a installé son laboratoire mobile.
Là, ils réalisent une série d’examens auprès de la population, des tests à l’effort, des prises de sang, pour tenter de comprendre leurs particularités physiologiques, étudier leurs adaptations à cette altitude et, naturellement, faire avancer la science.
Outre ces ambitions scientifiques, Samuel a intégré dans le programme une aide médicale, proposée aux habitant-es. À cette altitude, le manque d’oxygène, appelé « hypoxie », entraîne des pathologies, en particulier chez les travailleurs des mines.
Et si les habitants de la Rinconada font depuis des millénaires face à l’hypoxie, les conséquences sur leur santé sont évidentes. Ils souffrent en grande partie du «mal chronique des montagnes» à l’origine de nombreux symptômes. Afin de les aider, les chercheurs ont trouvé des traitements efficaces.
On a notamment testé une molécule qui s’appelle l’acétazolamide. Elle diminue cette quantité de globules rouges chez les personnes malades.
«Repenser la médecine autrement»
Lors de ce nouveau voyage, l’équipe s’est notamment concentrée sur l’impact ophtalmologique dans ce contexte environnemental et entrevoit déjà de nouvelles expérimentations pour la prochaine expédition.
Elle pourrait notamment se pencher sur les conséquences de la privation d’oxygène sur la réparation osseuse. «Il y a encore de nombreuses choses à analyser. Ici, on doit repenser la médecine autrement.»
Autre objectif de la mission, ouvrir un centre de santé et de recherche sur place, en collaboration étroite avec les institutions péruviennes.
La Ville de Grenoble, Capitale des Alpes, sera donc en lien avec le centre de santé et de recherche le plus haut du monde ! Pour nous, ça a vraiment du sens.
Renseignements divers
http://www.expedition5300.com
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